L’attaque de Bounti n’a pas fini de faire couler les encres. Pour rétablir les faits sur cet incident, la MINUSMA a déployé, depuis le 25 janvier, une équipe d’enquête sur le terrain. Les conclusions de cette mission sont impatiemment attendues.
Depuis le 25 janvier 2021, une équipe d’enquête de la Mission de stabilisation des Nations unies au Mali (MINUSMA) poursuit ses enquêtes dans la zone de Mopti, 5e région du Mali, où une frappe aérienne a fait plusieurs morts au début de ce mois. Cette enquête pour le rétablissement des faits sur l’attaque du 3 janvier à Bounti se fait sous l’assistance de la police scientifique des Nations Unies (UNPOL).
Des témoins rencontrés
« Il s’agit d’une enquête robuste parce que nous avons bénéficié d’un appui aérien, d’un appui militaire au sol », déclare Guillaume Ngefa, directeur de la Division des droits de l’homme et de la protection de la MINUSMA, présent sur le terrain avec le reste de l’équipe. Des appuis ayant permis de sécuriser les enquêteurs.
Composée de neuf chargés des droits de l’homme, de deux experts de la police scientifique des Nations unies et des experts militaires, cette équipe d’enquêteurs de la MINUSMA, dès leur arrivée, a eu des entretiens avec des témoins de cette attaque à Douentza et à Mopti, où des blessés avaient été pris en charge. « L’équipe a pu se rendre sur le lieu de la frappe, a pu visiter le village et ses habitants et a eu la possibilité de conduire des interviews en groupes ou individuellement afin de confronter les faits et les allégations que nous avions déjà recueillis et enregistrés à distance avant de nous rendre sur le terrain », a précisé le directeur de la Division des droits de l’homme et de la protection de la MINUSMA.
Une opération avec des pièges
Cette frappe de Bounti est intervenue au deuxième jour d’une vaste opération antiterroriste menée conjointement, du 2 au 20 janvier 2021 par Barkhane, l’armée malienne et l’armée burkinabè. Cette opération « Eclipse » dans le Gourma malien est « assez complexe » et comporte des pièges, qui sont surtout « les pertes civiles », selon Wassim Nasr, journaliste à la chaîne de télévision française France 24.
Faut-il rappeler que les armées françaises et maliennes sont accusées d’avoir commis une bavure en frappant des civils qui célébraient une cérémonie de mariage. « Des témoignages, recueillis par l’AFP, HRW, Tabital pulakuu, MSF et RFI Fulfuldé, parlent d’un mariage, des hommes qui étaient rassemblés entre eux à l’écart des femmes », rapportent nos confrères de Radio France internationale (RFI). Mais toutes les deux armées ont rassuré que leur frappe n’a nullement visé des civils et que ni de femmes ni d’enfants ne figurait parmi les victimes.
Dans une publication du 26 janvier dernier, l’armée malienne se félicite du bilan de l’opération « Eclipse » : « Une centaine de terroristes neutralisés, une vingtaine capturée et plusieurs motos et matériels de guerre saisis, c’est le bilan d’une grande opération dénommée “Eclipse”. » Une opération qui a concerné surtout les localités de Serma, Boulkessi, Foulssaret et Doni.
Les conclusions de cette enquête de la MINUSMA seront livrées dans le rapport de la mission. Cette enquête est une demande d’organisations nationales et internationales ainsi que d’organisations indépendantes, dévouées pour la défense des droits de l’homme.
Fousseni Togola
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